Société Royale " Les Echos de la Vallée de la Hoëgne "

Association Sans But Lucratif

Solwaster

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Contes et legendes
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CONTES ET LEGENDES.

Un village isolé au milieu de la forêt ...

Les longues veillées d'hiver à la lueur de l'âtre ... 

Que faut-il de plus pour que se content les légendes ?

 

 

Si vous remontez la Sawe, vous pourrez voir en écartant la végétation luxuriante, des renfoncements rocheux, grottes miniatures. Si vous faites cette promenade le soir, après le coucher du soleil, peut-être aurez vous la chance de rencontrer quelques sotais ou nutons affairés.

Petits hommes connaissant tous les métiers. Ils sont toujours prêts à rendre service. Mais attention, ils sont extrêmement susceptibles et savent se venger des outrages où de l'oubli d'une juste rémunération.

On allait placer, le soir devant leur demeure les objets à réparer : vêtements, outils, ustensiles de ménage, chaises, souliers, et quoi encore ... Le lendemain, on retrouvait tout réparé, remis à neuf. Eux ? on les voyait rarement.

Et pourtant .................. 

Il y a bien longtemps, un Sotai tomba amoureux d'une sage jeune fille de Solwaster. Etait-ce Djhenne ou Magrite ? On dispute du nom. Quoiqu'il en soit, fréquemment le petit homme rendait visite à sa dulcinée.  Chaque fois il apportait quelques cadeaux : bijoux, robe finement brodée, colifichet, même de petits meubles et que sais-je encore ce qu'un Sotai amoureux peut offrir. A ces avances, Magrite à moins que ce ne soit Djhenne, répondait évasivement. Exaspéré, voulant être fixé sur les sentiments de la jeune fille, il la somma de répondre par oui ou par non a sa demande en mariage. La réponse fut catégorique ; Non ! Furieux le petit homme lui cria : He bin, du pate a pate dja apwerté : du djabe a djabe dju repwerté.

Du jour au lendemain, les cadeaux disparurent; la pauvreté la plus grande s'installa au foyer. Bientôt même, la chaumière fut infestée d'orvets, rien ne put les chasser.

Et le ménage fut obligé de partir ...

Mais il y  avait rencontre plus dangereuse encore ...

Djhan, jeune homme de Solwaster, s'en revenait un dimanche vers les minuit d'un bal à  Sart. On avait dansé beaucoup, on avait bu pas mal ! Arrivé au bas du Roslin, il entendit dans les prairies du bord de la Hoëgne une musique douce et ensorcelante. S'étant glissé derrière un buisson, il vit des sorcières qui dansaient autour d'un bouc vert. Tout tremblant il allait se retirer sans bruit, lorsqu'une des sorcières qui l'avait vu, s'avança vers lui, tout en continuant à danser. Elle lui présenta un verre de liqueur rouge. " A ta santé compère " lui dit-elle en lui tendant le verre. Tremblant de l'offenser, Djhan prit le verre, mais plus mort que vif, pour conjurer le diable, il répondit : " Que Dieu nous bénisse, commère ". A ces mots, la sorcière écumant de rage, bredouilla des menaces et s'enfuit, laissant dans les mains du jeune homme le verre renversé sur le gazon. Ce fut une pièce à conviction ...

Décidément, les fonds du Roslin avaient bien mauvaise réputation ...

Pierre, solide bûcheron, aimait lui aussi la " goutte ". Lorsqu'il partait le matin pour une journée dans les bois, il n'oubliait jamais son " briquet ", tartine et large tranche de lard. Mais sa boisson préférée dont il n'oubliait de munir sa gourde ... le " péket " ... Un soir d'hiver, c'était entre chien et loup, il revenait de son travail en descendant la Hoëgne derrière le Moulin Thorez. Il était accompagné d'un autre habitant de Solwaster, Djosef. Arrivé au pont, prêt à le franchir, ils entendent le hululement d'un hibou. Chacun sait que c'est là un signal. Il signifie qu'un trésor est caché près de son repaire. Pierre plein d'avidité, se dirige, malgré les prières de son compagnon, vers la gauche, d'où partait le cri. Il arrive ainsi devant le trou de l'ancienne mine. Au fond du trou, il croit voir une lueur verte. Il n'hésite pas quoique tremblant; il s'engage dans la galerie qui s'enfonce sous le Roslin. Djosef, plus mort que vif est resté sur le pont; soudain il entend un cri terrible : l'aboi prolongé lugubre d'un chien, puis le silence : jamais on ne revit Pierre.

Il fallait aussi se méfier des LOUPS GAROUS. Ceux-ci, vous le savez, sont des personnes qui font un pacte avec le diable et dès lors ont le pouvoir de se transformer en animal et même en objet. En vue de la fête à Solwaster, on avait tué le cochon chez Mareye-Djosef. Et celle-ci s'affairait à saler un lard juteux en vue de la " chefnée ". Tandis qu'elle s'éloignait du saloir pour retirer du feu la marmite d'eau bouillante, une poule noire entra dans la cuisine, vola sur la table et s'empara du plus beau morceau de viande. Furieuse, notre Mareye-Djosef se précipita, tenant encore dans ses mains la marmite d'eau bouillante, et dans sa colère de voir partir sa belle viande, elle jeta sur la poule le contenu brûlant de la marmite. La poule noire s'enfuit en poussant des cris épouvantables.

Le lendemain, elle croisa devant l'église, sa voisine, la vieille Mélie : celle-ci boitait, cachait son visage brûlé sous un châle et ses mains étaient enveloppées d'un linge ...

Il y avait jadis, pas mal de sorcières dans nos Ardennes semble-t-il ...

Toujours laides, vieilles, méchantes. Est-ce pour mieux faire ressortir la beauté de nos paysages et ... de nos filles ?

Djîle était un brave et beau garçon de 25 ans. Il gagnait courageusement sa vie et celle de sa mère en faisant du charbon de bois, la haut près de la Fagne. Fiancé à une belle et gentille Annette de Jalhay, il aurait bien voulu l'épouser mais voilà, Annette était plus pauvre encore que Djîle ... Aussi la mère du garçon s'opposait à ce mariage : elle avait d'autres ambitions ! Chaque fois que le garçon décidait de se rendre chez sa fiancée, malgré la défense de sa mère, il trouvait sur son passage un " ramon " soit devant la porte, soit sur son chemin. Voilà n'est-il pas vrai mauvais présage signe de malheur pour celui qui oserait passer outre. De guerre lasse, Djîle s'en alla trouver le maréchal ferrant de Fosse : celui-ci avait la réputation de savoir conjurer les mauvais sorts. Il conseilla à notre garçon de jeter sur le balai de l'eau bouillante à sa prochaine rencontre. Le lendemain, l'amoureux voulut se rendre chez sa promise comme d'habitude, le balai s'interposait sur son passage. Mais cette fois notre homme s'était muni d'un seau d'eau bouillante. Il ébouillanta donc le " ramon ". Quand tard dans la nuit, il rentra à la maison, sa mère était au lit, se plaignant de brûlures aux jambes. Depuis lors, la mégère ne s'opposa plus aux " fréquentations " du jeune homme.

Il faut bien se résoudre à faire un choix dans le copieux légendaire ... Alors savourez encore cette dernière, un peu plus longue ...

Le CHAFOUR, autre site du village, gît à l'est du village,. Longeant la Statte, vous buterez devant une ferme qui est le terminus de la route, maintenant asphaltée. Jadis, véritable hameau : d'après le vieux " Register infantium in Pago loci Solwaster " conservé au presbytère, en 1832, le "Chafour " comptait 43 habitants. Actuellement il n'y reste qu'une ferme, et deux habitations ...

Bref, en l'an de grâce 17... à moins que ce ne soit en 16 cent ... ils arrivèrent un jour ou une nuit ... Personne ne les vit arriver. Ils étaient arrivés, voilà tout ... Lui, de grande taille, cheveux de jais ou couraient pas mal de fils d'argent, barbe hirsute comme piquants de hérisson; un chapeau délavé posé de guingois sur sa chevelure jamais peignée; un sarrau qui devait avoir été bleu; une houppelande rapiécée. Elle, plus petite et plus laide si possible : un nez en bec d'aigle nævus surmonté d'une touffe de poils. Elle devait avoir eu des cheveux roux, mais maintenant les blancs cheveux dominaient. Ses vêtements plus négligés encore que ceux de son compagnon étaient comme ceux d'Arlequin, rapiécés de différentes couleurs, indéfinissables. Elle marchait, courbée s'appuyant sur un bâton noueux. Ils s'étaient donc installés au Chafour. Leur cabane ? Ils l'avaient bâtie avec des pierres trouvées sur place ou dans la rivière; blocs entassés les uns sur les autres sans ciment; seule la boue les liait entre eux. Quant au toit, des poutres ou plutôt des troncs d'arbres non équarris soutenaient une espèce de chaume formé d'herbes folles mêlées à la boue. L'intérieur de cette espèce de chaumière n'était pas plus élaboré ... Sur le sol de terre battue, dans le coin, un poêle crapaud auquel il manquait un pied, remplacé par une pierre. Les cendres refroidies formaient devant lui un tas qui avait tendance à empiéter sur l'espace vital ... Les autres meubles ? Une table en sapin noircie, jamais lavée, deux chaises bancales, un coffre bas, sale, usé et au mur opposé, deux lits en fer si mal en point qu'on pourrait se demander comment y trouver le repos. De quoi vivait le couple ? Qui pourrait le dire. En tous cas, jamais nul ne les vit à la " boutique " du village, jamais. On prétendait qu'ils se nourrissaient de gibier braconné aux alentours. Pourtant on le voyait, lui, trois fois l'an, il traversait le village pour aller où ? Personne ne le savait. Il ne saluait personne, ne regardait pas même ceux qu'il croisait sur son chemin. Et pourtant, (il y en a qui savent toujours) on prétendait que " lui " savait lire et même qu'il avait fait des études de latin ...

Un jour, Lambert, un habitant de Solwaster était allé faire des " trouffes " dans la Fagne. Il tomba nez à nez avec elle dans un sentier étroit. " Hé là, vieille sorcière, tire-toi de mon chemin " cria-t-il, car il poussait devant lui sa brouette pleines de trouffes. La vieille ne dit rien, mais lui lança un regard mauvais, frôlant le paysan et sa charge celui-ci faillit choir et sacrant comme un diable, la traita de tous les noms ... Cette nuit là, Lambert et sa femme furent réveillés en sursaut, à minuit : les deux chiens de la maison hurlaient à la mort. Ils se levèrent, et épouvantés ils entendirent un vacarme infernal venant de l'étable où gîtaient leurs deux vaches et leurs quelques brebis. Courageusement pourtant, ils coururent à l'étable. Les bêtes se bousculaient étrangement détachées de leurs liens. Avec beaucoup de peine, ils réussirent après plus d'une heure à les apaiser; rattachèrent les vaches à leur mangeoire, renfermèrent les brebis dans leur stalle. Mais ils eurent beau fouiller l'étable, ils ne découvrirent rien d'anormal. La nuit suivante le même phénomène se reproduisit. Lambert se promit de veiller la nuit, dans l'étable. Dès que l'ombre envahit la maison, armé de sa fourche, il s'y rendit. Tous était calme d'abord. Mais lorsque minuit sonna, les animaux épouvantés commencèrent de nouveau à s'agiter sauvagement et les chiens hurlèrent. Certes il y avait un vent violent à l'extérieur, mais dans l'étable rien d'anormal, si ce n'est la frayeur des animaux et leurs cris. Ni injures, ni coups, ni caresses ne réussirent à les calmer. Lorsque le coq chanta, tout rentra dans l'ordre. Les voisins accoururent, mais aucun ne trouva quoique ce soit d'anormal. Chacun y allait de ses conseils. Lambert, lui serrait les dents ...

Il se promit de tirer l'affaire au clair. Aussi le soir suivant, il se trouvait au poste. Après une minutieuse inspection de l'étable, il se posta dans un coin, le plus sombre. Minuit sonna. Et de nouveau les bêtes s'agitèrent. Mais cette fois le paysan vit deux petites lumières courant le long des râteliers. Il bondit et d'un coup de fourche bien appliqué, il frappa ces lumerotes. Un miaulement effroyable, et un gros chat noir bondit au dehors, par la porte entr'ouverte. Depuis lors tout rentra dans l'ordre ...

Au petit matin, les villageois, tôt levés, virent le couple étranger traverser hâtivement le village. " Lui " farouche poussait une brouette dans laquelle, " elle " était étendue, une jambe cassée et la tête disparaissant dans un énorme pansement. Jamais on les revit ...

Si non è vero ...

( D'après un texte de l'Abbé DURIEUX )